Les diamants sont-ils vraiment éternels ?

Le célèbre slogan “A Diamond is Forever”, introduit par le conglomérat diamantaire De Beers, s'essouffle. Et pour cause, l’industrie des diamants d'extraction minière traverse une crise sans précédent.

Derrière cette situation, un bouleversement majeur : l’essor des diamants de culture, en particulier sur des marchés stratégiques tels que la Chine et les États-Unis. En Amérique du Nord, près de la moitié des diamants vendus par les joailliers proviennent désormais de laboratoires (source : Financial Times). Les jeunes générations, davantage conscientes des enjeux sociétaux et environnementaux, exigent une traçabilité accrue des matériaux qu’elles consomment. La demande des diamants d’extraction diminue, une tendance qui ne devrait que s’accentuer dans les années à venir et qui fait baisser le prix du diamant.

Pour mieux comprendre cet état de fait, revenons un instant sur les origines de ce slogan iconique et sur la manière dont il a façonné les croyances des consommateurs depuis le siècle dernier.

Une construction marketing

L’idée selon laquelle un diamant serait le symbole ultime de l’amour éternel naît de l’habile main marketing de De Beers au début du 20e siècle, afin de répondre à une crise majeure.

À cette époque, le conglomérat sud-africain contrôlait près de 90% de la production mondiale de diamants. Cependant, la découverte de nombreuses mines, combinée à des contextes géopolitiques défavorables, avait fait chuter la demande et les prix des pierres précieuses (National Geographic). Contraints de préserver la valeur des diamants, les dirigeants de De Beers mirent en place l’une des campagnes marketing les plus influentes du 20e siècle. Le message était clair : l’amour véritable devait se manifester par l’offrande d’un diamant, symbole d’engagement et d’éternité. Ainsi naquit le slogan légendaire “A Diamond is Forever”.

Cette stratégie permit non seulement de maintenir la demande, mais aussi d’ancrer profondément dans l’inconscient collectif l’idée que le diamant solitaire était indissociable des fiançailles et du mariage. Ces campagnes ont façonné une idée culturelle qui alimente une demande incessante, conduisant souvent à des pratiques de recherche de profit au détriment de l'éthique. Cette quête a parfois conduit à la corruption, à l'exploitation et au mépris des conséquences sociales et environnementales liées à l'extraction des diamants. 

Diamants de culture : un bouleversement

Aujourd’hui, les diamants de culture bouleversent cet héritage en remettant en question la notion même de rareté qui a longtemps alimenté le prestige des diamants d’extraction. Ces pierres, qui possèdent les mêmes propriétés physiques, chimiques et optiques que leurs homologues miniers, ne s’inscrivent pas dans cette logique artificielle de rétention.

En outre, les diamants de laboratoire jouent un rôle essentiel dans d’autres industries, notamment celles nécessitant des matériaux ultra-résistants. Leur impact va bien au-delà de la joaillerie, élargissant ainsi les perspectives d’utilisation de cette ressource précieuse.

Parallèlement, les préoccupations éthiques et environnementales liées à l’extraction minière continuent de peser sur l’industrie. Bien que des réformes aient été introduites, notamment avec le Kimberley Process Certification Scheme, ces initiatives restent largement insuffisantes pour garantir une chaîne d’approvisionnement réellement responsable. 

Les limites du Kimberley Process

Le Kimberley Process  (KPCS), mis en place en 2003, visait à empêcher la vente de diamants dits de conflit, c’est à dire des pierres utilisées par des mouvements rebelles pour financer des guerres civiles (connus aussi sous le nom de Blood Diamonds). Ce processus impose que chaque exportation de diamants bruts soit accompagnée d’un certificat gouvernemental attestant de leur origine non conflictuelle. 

Cependant, ce dispositif présente des failles importantes. Tout d’abord, il se limite strictement aux diamants bruts, excluant les diamants déjà taillés. De plus, il ne couvre pas les abus environnementaux ou les violations des droits humains qui peuvent subvenir dans les chaînes d’approvisionnement. Par ailleurs, les entreprises signataires n’ont pas l’obligation de vérifier en profondeur la provenance des pierres qu’elles commercialisent (Amnesty). 

En outre, la corruption et l’absence de contrôles rigoureux dans certains pays participants affaiblissent considérablement l’efficacité du système. Ces lacunes laissent la porte ouverte à des activités illégales et nuisent à la transparence du secteur.

Les diamants d’extraction face à un avenir incertain

Le commerce des diamants d’extraction reflète également les tensions géopolitiques et économiques internationales. Alors que le G7 a interdit l’importation de diamants russes, la place historique d’Anvers perd du terrain, au profit de Dubaï, qui s’impose comme une plaque tournante alternative. La Belgique, par exemple, a vu ses importations du secteur chuter de 23,3% en un an, tandis que ses exportations diminuaient de 17,2% (L’Echo). 

Additionnellement, le traitement des diamants bruts est désormais largement délocalisé en Inde, où les coûts de main-d’œuvre sont nettement inférieurs. Ce modèle allonge les chaînes d’approvisionnement, réduisant la traçabilité et augmentant les risques d’opacité et de corruption. Les Blood Diamonds existent toujours aujourd'hui, et sont légitimés par les politiques de l'industrie diamantaire et des marchands des grands centres mondiaux du diamant comme à Londres, Anvers ou New York. Cette négligence laissa des traces tristement indélébiles dans certains pays comme le Sierra Leone où on sévit parmi les campagnes rebelles les plus violentes du continent africain (Voir le livre Blood Diamonds de Greg Campbell). 

Pour une vision véritablement éternelle

The Little Ice Skating Girl - Bague en platine sertie d’un diamant central de 0.65 carats en taille émeraude.

Les diamants de mine ont un prix caché : déplacement de communautés, exploitation des travailleurs, destruction des moyens de subsistance, sans oublier la dégradation des terres et des écosystèmes. Leur extraction laisse des cicatrices durables sur les populations et la planète. 

Choisir des diamants de laboratoire, c’est opter pour une alternative responsable, alliant beauté et respect de l’humain comme de l’environnement. 


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Crédits Photos : Dillon Wanner sur Unsplash et Melanie Deziel sur Unsplash

 

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